AFP, publié le lundi 18 avril 2022 à 21h00
Béatrice Dalle, Jarvis Cocker ou encore Arthur H : c’est le casting royal du Printemps de Bourges pour les adieux à la scène de Brigitte Fontaine, 82 ans, chanteuse indocile, entre poésie et folie douce.
Évidemment, “la Reine des Kékés”, surnom donné de son album “Kékéland”, ne fait pas dans le convenu pour évoquer ce spectacle, prévu mercredi. L’interview au téléphone avec l’AFP est comme elle, à part.
Quand on prononce les mots “adieux à la scène”, l’auteure-compositrice-interprète défouraille : “C’est absolument idiot, je n’ai jamais dit ça, ni le contraire non plus. Tout ça, c’est un tissu “. de mensonges, +adieux à la scène+, c’est ridicule”. “Comme dire que je suis une immense artiste, c’est complétement ridicule, je suis un +thriller moderne poétique+”. Un “thriller poétique moderne”, donc.
Autre éclair quand on lui parle de certaines invitées pour sa soirée, comme la musicienne Rebeka Warrior ou l’actrice Anna Mouglalis : “On dit que j’ai choisi des gens que j’aime beaucoup, mais je ne les connais pas à voil” ça commence et comment ça fini, je ne sais pas si cette soirée aura lieu de m’inquiéter, les autres seront là”.
– ‘Putain de nuit’ –
“Brigitte, nous sommes des menteurs passionnés, on fera tout ce que tu veux, s’amuse auprès de l’AFP Boris Vedel, directeur du Printemps. Elle voulait appeler cette soirée +Closing Night+ (soirée de maiclôten +ten) Fucking Night+ ( putain de soirée)”.
En insistante, la chanteuse s’attarde sur les invités qu’elle apprécie. “Béatrice Dalle, on est un peu potes, elle a failli jouer dans une pièce que j’avais écrite mais ça ne s’est pas fait”. “Philippe Katerine, ah ouais, je l’aime beaucoup, ainsi qu’Arthur H”. “Jarvis Cocker (ex-leader de Pulp), lui j’y tenais, il va certainement participer à mon prochain disque, tout comme Thurston Moore (Sonic Youth, son groupe, était déjà présent sur +Kékéland+, il ne Bourges pas )” .
Car l’aventure se poursuit donc sur disque, même si les pépins de santé l’éloignent de la scène.
Ce qu’elle glisse en passant, interrogée sur ses souvenirs du Printemps, ou elle s’est produite dès 1978.
“Je n’ai pas vraiment de souvenirs. L’avenir, je ne le vois pas, je suis trop myope. Le présent : j’ai très mal partout, les vertèbres, le diaphragme, les gencives, les dents, dents, mais ce n’est pas très intéressant l’état de santé”.
Avant de terminer la conversation (“vous verrez ce que sera la soirée si vous venez, moi je ne sais jamais avant”), elle fait un dernier compliment. “Kervern et Delépine ne sont pas chiants dans le travail, je les aime beaucoup, ils sont sympas”.
– ‘Unrevolte’ –
“Ah, j’ai cru qu’elle allait dire +je les déteste+ (rires), je suis content qu’on ait échappé à ses colères”, commente auprès de l’AFP Gustave Kervern.
Avec son réalisateur complice Benoît Delépine, il réinterprétera sur scène une de ses chansons “C’est normal”.
“Il y a toujours du fond avec elle, du social, une révolte, dans cette chanson il y a un incendie dans un immeuble occupé par des sans-papiers”, complète pour l’AFP Benoît Delépine.
Kervern et Delépine l’ont fait tourner dans leur film “Le grand soir”. “On l’a filmée en vidéo-surveillance en train de traverser le parking d’un hypermarché avec un char de fromages, elle pestait et faisait s’écarter les gens qui hallucinaient”, se souvient Delépine. “Elle voulait porter son casque en cuir qu’elle met dès qu’elle est au sud de la Loire (rires)”.
“Elle représente la poésie, l’imprévisible absolu. Elle a une façon de jouer avec les mots, s’en saisit, qui n’appartient qu’à elle”, souligne encore Delépine.
“On veut tellement lui rendre hommage, par sa personnalité et son œuvre, c’est un trésor de ce pays, développe Kervern. Sa parole est libre quand tout le monde pratique la langue de bois. Elle est’ unique, on peut s à tout, même à ce qu’elle ne soit pas à Bourges (rires)”.
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